Un siècle avec Levinas : Inauguration des manifestations
Soirée d'hommage au philosophe Emmanuel Levinas (1906-1995) à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance

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Emmanuel Levinas est né à Kaunas (Lituanie) le 12 janvier 1906, 15 Tevet 5666. Une soirée d'hommage se tiendra au Théâtre de Jérusalem, l’un des foyers majeurs de la vie culturelle israélienne, le jour anniversaire de sa naissance d'après le calendrier hébraïque. La personne d’Emmanuel Levinas, sa vie, son œuvre de penseur, de pédagogue, son rayonnement au sein de la culture contemporaine seront au centre de cette manifestation qui aura un caractère à la fois officiel et artistique. Cette soirée d'hommage inaugurera les célébrations du centenaire d'Emmanuel Levinas en Israël.

En partenariat avec:
le Centre Zalman Shazar,
la Direction de la Culture du Ministère israélien de l'Education et de la Culture,
le Département de la Culture du "Mifaal Hapaïs",
le Fonds Social Juif Unifié (Paris),
le Centre Culturel Francais Romain Gary,
TV5 et
l'hebdomadaire Marianne.

Avec le soutien de:
l'Institut Français de Tel Aviv,
UHJ-France,
l'Ambassade des Pays Bas à Tel Aviv,
la Communaute Française de Belgique et
la Communaute Flamande de Belgique.

Au programme :

  • Lecture du message du Président de l'État, Monsieur Moshe Katsav
  • Allocution de Monsieur Václav Havel, ancien président de la République Tchèque (pré-enregistrée)
  • Interventions de personnalités israéliennes et étrangères
  • Projection d'un entretien avec Emmanuel Levinas
  • Lectures de textes choisis d'Emmanuel Levinas
  • Partie artistique : avec la participation d'Ehud Banai, Mikha Chitrit et Berry Sakharov
  • Présentation : Emmanuel Halperin

Traduction simultanée Hébreu/Français/Anglais

theatre1grand.jpg ובאופן אנושי אינני יכול לסרב לה. המשא הזה הוא כבודו העליון של היחיד. האני, שלא ניתן להחלפה, הוא אני רק במידה שאני אחראי
And what, humanly, I cannot refuse. This charge is the supreme dignity of the unique. I am I in the sole measure that I am responsible, a non interchangeable I.
... et que, humainement, je ne peux refuser. Cette charge est une suprême dignité de l'unique. Moi non-interchangeable, je suis moi dans la seule mesure où je suis responsable. (Éthique et Infini, 8. La responsabilité pour autrui)

theatre2grand.jpg 400 personnes, qui n'ont pas pu entrer dans la grande salle du théâtre faute de place, ont assisté à la retransmission dans le hall

Václav Havel
Message vidéo adressé à l’occasion du centenaire d’Emmanuel Levinas

Enregistré à son bureau rue Voršilská, le 28 décembre 2005
Diffusé le 15 janvier 2006 à Jérusalem

Chers amis,

Permettez-moi d’évoquer le centième anniversaire d’Emmanuel Levinas au travers d’une anecdote personnelle, très importante pour moi. Il y a des années, lorsque je me trouvais en prison, mon frère avait copié pour moi quelques extraits des Essais d’Emmanuel Levinas et les avait adroitement incorporés dans la lettre familiale que j’étais autorisé à recevoir. Or, je fus très sensible à ses réflexions, du fait qu’elles me parvenaient dans un milieu si peu spirituel, voire anti-spirituel où, prisonnier des quatre murs de ma cellule, je ressentais un besoin urgent de méditer sur moi-même, sur le sens de mes actes, sur mes rapports à autrui. Les extraits recopiés parlaient justement de tout cela. Il s’agissait de réflexions sur le thème du rapport entre le Je et l’Autre, sur la responsabilité envers le monde qui nous échoît avant même que l’on fasse le choix de l’assumer. Je me souviens du célèbre passage dans lequel Levinas se pose la question de savoir si la mort est vraiment un passage de l’existence vers la non existence, de l’être vers le néant. J’ai longuement médité sur tout cela et, dans mes lettres de prison, j’ai essayé de commenter les idées de Levinas. Je revenais sans cesse à cette idée qui, si j’ai bien compris, est présente et exprimée dans son œuvre, à savoir que ce qui s’est passé ne peut plus être effacé, ce qui a été, malgré l’oubli général, s’est quand même inscrit dans la mémoire de l’existence et demeure sauvegardé à jamais. J’estime que l’œuvre du grand philosophe Emmanuel Levinas reste elle aussi gravée dans la mémoire de l’existence, fait partie du penser humain sur le monde, de la destinée de l’homme, de l’univers, de l’être.

Je vous remercie de votre attention.