Colloque international de philosophie, 3-4-5 juillet 2018 | Université de Toulouse2 - Jean Jaurès
Par David le mardi 29 mai 2018, 21:53 - 2018 - Lien permanent
De Dieu qui vient à l’idée : de l’altérité à l’illéité
A la mémoire de Thomas « Choplair » Gutleben
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« C’est la signification de l’au-delà, de la transcendance et non pas l’éthique que notre étude recherche. » Enoncée dans « Dieu et la philosophie », l’article qui est au centre de son recueil De Dieu qui vient à l’idée (1982), cette déclaration de Levinas ne peut que susciter la perplexité. La transcendance se serait-elle substituée à l’éthique et Dieu, à l’autre homme ? Ce que Levinas dit du mot « Dieu » renforce encore cette perplexité. Ce mot signifie une transcendance encore plus radicale que celle d’autrui : « Dieu n’est pas simplement le « premier autrui » ou « autrui par excellence », mais autre qu’autrui, autre autrement, autre d’altérité préalable à l’altérité d’autrui, à l’astreinte éthique au prochain, et différent de tout prochain, transcendant jusqu’à l’absence… ».
Les déclarations de Levinas suscitent bien des questions. Pourquoi ce recours, qui plus est dans une œuvre tardive, à l’idée de Dieu chez un penseur pour qui l’éthique est la « philosophie première », et la relation avec autrui, la source de tout sens ? Que signifie une transcendance non seulement plus radicale que celle d’autrui, mais autre que la sienne ? Et en quoi le fait de penser une transcendance « au-delà de l’être » battrait en brèche toute velléité de faire de Dieu un être en le réduisant à un objet de connaissance ou d’une expérience religieuse ?
Si Dieu est bien « transcendant jusqu’à l’absence », comment peut-il « venir à l’idée » ? Comment son sens peut-il se donner sous la forme d’une idée qui, comme le voulait Descartes, « a été mise en moi » ? Comment penser ensemble la « transcendance jusqu’à l’absence » et la « transcendance dans l’immanence » propre à une altérité dont l’appel à la responsabilité se fait entendre au « plus profond de moi-même » ?
L’objet du colloque est d’évaluer la nouveauté des voies que Levinas ouvre dans De Dieu qui vient à l’idée, huit ans après Autrement qu’être ou au-delà de l’essence : quelle est l’évolution de sa pensée de la transcendance, de son rapport avec la phénoménologie et la philosophie contemporaine, de son approche du judaïsme et du christianisme, ainsi que de sa réflexion sur des thèmes qui, tels le langage, le sens ou le dialogue, ont déjà été largement traités dans ses ouvrages précédents ?
Les communications des intervenants devront porter impérativement sur De Dieu qui vient à l’idée, sur la situation de l’ouvrage par rapport aux œuvres antérieures de Levinas, sur les thèmes et les questions qui y sont abordés et sur la relation de Levinas aux représentants de la tradition philosophique et de la pensée contemporaine cités dans son ouvrage.
Axes thématiques
1/ Une nouvelle pensée de la transcendance: Comment saisir le paradoxe d’une recherche qui, tout en portant« sur la transcendance et non pas l’éthique », trouve la signification de l’au-delà « dans l’éthique » et dans la responsabilité infinie pour autrui ? Quelle est la fonction, dans cette configuration, de « l’idée de l’infini en moi » chère à Descartes?L’« immémorial », l’« infini », l’« anarchique » : comment la signification du mot « Dieu » s’articule-t-elle autour de ces notions ?
2/ Judaïsme et christianisme: Le « Dieu de Levinas » est un « Il ». Comment comprendre le contraste entre l’illéité ou le Dieu « transcendant jusqu’à l’absence » et le « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » dont il est question dans les sources juives et chrétiennes ? Comment les significations du mot Dieu dégagées dans De Dieu qui vient à l’idée s’articulent-elles avec celles que Levinas a mis au jour, dans ses écrits juifs, à partir du Talmud et de la philosophie juive ?
3/ Philosophie contemporaine et phénoménologie: Dans De Dieu qui vient à l’idée, Levinas envisage d’autres formes de transcendance que celle d’autrui, d’autres ouvertures vers l’au-delà de l’être. Comment cette perspective intervient-elle, dans les différents articles réunis dans l’ouvrage, dans ses confrontations avec la phénoménologie et la philosophie contemporaine, ainsi que dans ses réflexions surla rationalité, l’idéologie, le marxisme, l’utopie, la politique, la religion, la mort, le langage, le dialogue, l’herméneutique et le mal ?
Intervenants confirmés (au 15 mai 2018) : Flora Bastiani, François Brémondy, François Coppens, Naoko Fukagaï, Joelle Hansel , Georges Hansel , Maëlle Le Ligné , Paula Lorelle, Masumi Nagasaka, Sylvie Neuburger, Michel Olivier, Jean-François Rey, Christian Rössner, Jean-Michel Salanskis, Yves Sobel, Anna Yampolskaya.
email: colloque.philo.toulouse@gmail.