Colloque international de philosophie, 4-5-6 juillet 2017 | Université de Toulouse2 - Jean Jaurès
Par David le dimanche 16 avril 2017, 08:34 - 2017 - Lien permanent
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“Tout ce qui a pu se dire contre la science ne saurait faire oublier que la recherche scientifique reste, dans la dégradation de tant d’ordres humains, l’un des rares domaines ou l’homme se contrôle, s’incline devant le raisonnable, est non bavard, non violent et pur. Moments de la recherche certes constamment interrompus par les banalités du quotidien mais qui se renouent en durée propre. Le lieu de la morale et de l’élévation ne se trouve-t-il pas désormais au laboratoire ? “ E. Levinas (Le Monde, 19/20 Mars 1978)
Comment la vie peut-elle à la fois se soumettre à la science et déborder ses manifestations ? L’observation extérieure, axiologiquement neutre, telle que la science la propose, suffit-elle à rendre compte de la vie dans sa complexité ? L’évaluation et la description des objets que sont la nature, le vivant et l’humain se prêtent à des développements de plus en plus précis, de plus en plus informés. Pourtant, à mesure que leur visée se déploie, la vie ne s’y exprime que de manière partielle. Le phénomène de la vie tel que nous l’expérimentons en première personne, depuis l’intérieur, dans son épaisseur subjective, intersubjective ou simplement personnelle, ne semble pas se réduire aux données quantifiables, exprimables, de la naturalisation, produites par la science.
En même temps, les données singulières n’apportent de connaissance qu’au prix de leur synthèse générale. L’expérience singulière de l’existence fait surgir, tout au plus, des éclats de sens difficiles à coordonner. Cette dimension particulière de la vie empêche l’établissement de lois, en posant à la connaissance les limites de l’hétérogène et de l’inattendu. Ainsi dans un même phénomène, celui de la vie, se croisent des regards radicalement différents : d’un côté la visée d’éclairage et de systématisation, l’enjeu d’une meilleure explication, et d’un autre côté l’aspiration à protéger et rendre justice au cas particulier et exceptionnel. Les observations de la vie et du vivant paraissent sujettes à un double travail, à une double perspective, du modèle et de l’anti-modèle, du système et du grain de folie.
Par exemple, les résultats des recherches médicales ne seront applicables qu’à des sujets dans des situations critiques, où le soin ne se réduit pas à l’application des connaissances. Le soin médical constitue un cas dans lequel la science et l’éthique sont nécessaires dans une action conjointe : la science sans l’éthique ouvrirait à l’exercice d’un pouvoir dangereux sur les corps ; l’éthique sans la connaissance scientifique sombrerait dans l’impuissance.
De la même manière, le travail sur les conditions d’existence des vivants peut se partager entre l’écologie, qui pose et décrit un écosystème, et l’accès subjectif à un monde naturel où la protection de l’environnement m’incombe. Étudier la nature pour la comprendre et se sentir responsable d’agir pour le maintien de son équilibre sont deux attitudes bien différentes. Pourtant, encore une fois, la connaissance ouvre l’examen éthique des conditions d’action.
Ce colloque réunira des philosophes et scientifiques, autour des pensées de Bergson, Canguilhem, Merleau-Ponty, Levinas, Deleuze, Nietzsche, Whitehead, et plus généralement des philosophes du XIXe et XXe siècle. Notre réflexion s’articulera autour des axes suivants :
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Théorique et norme: Le rapport privilégié au pouvoir du théorique est-il réservé à la science ? N’est-il pas aussi l’apanage de l’éthique qui oscille constamment entre la tentation d’élaborer une théorie du bien, en légiférant et en valorisant les principes, et une valorisation du fait unique et concret qui leur fait exception ?
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Pouvoir et responsabilité: Des comités d’éthique sont instaurés pour examiner les projets de recherche concernant les manipulations sur ou avec le vivant. Or, si le pouvoir de la science est considérable, l’éthique met constamment en question la légitimité de ses applications. Que signifie développer un pouvoir scientifique s’il doit être soumis à la validation éthique ? Entre une posture dogmatique et une résignation à une fonction purement consultative, l’éthique peut-elle se frayer une troisième voie
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Limites et dépassements: La science semble s’appuyer sur sa propre logique, et obéir ainsi à l’autonomie d’une finalité interne, laquelle la défendrait du danger de son instrumentalisation. Cette manière de procéder ne finit-elle pas, néanmoins, par nuire au projet scientifique ? La science peut-elle trouver son sens en elle-même, en s’imposant sa propre limite et sa propre fin ? En lui inspirant une autre perspective, l’éthique ne peut-elle pas interrompre la fermeture en soi à laquelle s’expose ainsi la science ?
Intervenants: Camille Abettan (Montpellier), Flora Bastiani (Toulouse), Thomas Boraud (Bordeaux), Arnaud Bouaniche (Lille), Sacha Bourgeois Gironde (Paris), Hillel Braude (Israel), François Brémondy (Tours), Cédric Brun (Bordeaux), Guillaume Ducos (Toulouse), Emilie Fontan (Toulouse), Joelle Hansel (Israël), Georges Hansel (Paris), Milena Maglio (Grenoble), Paul-Antoine Miquel (Toulouse), Sebastien Miravète (Toulouse), Laurent Muller (Paris), Yasuhiko Murakami (Japon), Michel Olivier (Paris), Valentine Prouvez (Montpellier), Jean-François Rey (Lille), Jean-Michel Salanskis (Paris), Françoise Schwab (Paris), Yves Sobel (Paris), Yannick Souladié (Toulouse).
Comité d'organisation: Flora Bastiani, Isaac Hernandez (Université de Toulouse 2 Jean Jaurès) et David Hansel (CNRS, Université Paris Descartes)
Réalisation: Quentin Cardinaud (Toulouse), Val Grandgirard (Toulouse), Yannick Quibel (Toulouse), Arann Vigouroux (Toulouse)
Ouverture des inscriptions en ligne : 29 mai 2017