Totalité et Infini, une oeuvre de ruptures; Colloque International, 9 au 11 mai 2011, Paris
Par David le lundi 18 avril 2011, 13:58 - 2011 - Lien permanent
Il est désormais reconnu que Totalité et Infini est l’un des ouvrages philosophiques les plus marquants du XXe siècle. Cela tient à sa double nature. D’un côté, cet ouvrage s’inscrit résolument comme partie prenante aux débats qui traversent toute l’histoire de la pensée philosophique, particulièrement sous la forme qu’ils ont prise à notre époque. De l’autre, il introduit dans cette tradition une rupture initiale qui s’étend rapidement à d’autres domaines, bien au-delà de la seule philosophie, de sorte que l’on peut bien définir Totalité et Infini comme œuvre de ruptures selon l’intitulé de notre colloque.
La participation au colloque est gratuite (dans la limite des places disponible) mais il est NECESSAIRE de s'inscrire en remplissant le formulaire (un formulaire par personne inscrite) : ici
Programme : TI50-brochure-20-04-11.pdf
Lieu : 45, rue La Bruyère, Paris 9è, M° Saint-Georges, Trinité, Liège ou Blanche.
Organisation : Société Internationale de Recherches Emmanuel Levinas (SIREL) : Eric Hoppenot, Michel Olivier.
En partenariat avec : l’Alliance Israélite Universelle, la Société Intermèdes, Philosophie Magazine.
Contact : totalinf50@gmail.com
For announcement in english :Totality and Infinity, a Work of Ruptures
Dans Ethique et Infini, Levinas rend hommage à Rosenzweig, précisant que c’est dans cette philosophie « que j’ai rencontré pour la première fois une critique radicale de la totalité. ». C’est chez Rosenzweig, ajoute-t-il, qu’il va découvrir « une ouverture d’une toute autre voie dans la recherche du sensé. ». Cette rupture initiale, celle dont tout découle, consiste à donner à l’éthique, définie à partir de la relation à autrui et non plus comme recherche de perfection, le statut de « philosophie première », rompant ainsi avec la tradition qui depuis Aristote attribuait ce titre à la métaphysique générale et plus spécialement à l’ontologie. Cela conduit d’abord Levinas à préciser ce qu’il retient et par où il se démarque des penseurs qui l’ont précédé, Platon, Aristote, Plotin, Descartes, Leibnitz, Spinoza, Kant, Bergson, Hegel, Husserl, Heidegger, Buber, pour ne citer que les plus importants présents dans Totalité et Infini. Quittons la philosophie pure. Conséquence de son geste initial, Levinas est amené à rejeter toute forme de théologie se présentant comme dogme, comme mystique ou même comme connaissance ou recherche de connaissance sur Dieu. Les énoncés théologiques n’ont désormais de sens que relativement aux relations interhumaines. La pensée des Droits de l’homme ne se fonde plus sur l’idée d’une nature commune aux êtres humains, nature à respecter et dont il faudrait garantir l’épanouissement, mais sur « les droits de l’autre homme », sans référence à un concept commun englobant le moi et autrui. L’essence profonde du langage ne réside pas dans l’échange d’informations ni même dans sa dimension dialogale où disparaît la dissymétrie de la relation à autrui, autrui qui est un vous bien plutôt qu’un tu. Ce ne sont là que quelques exemples de ruptures, conséquences de ce que l’on peut bien appeler la « révélation du visage » d’autrui, pour reprendre les termes de Levinas. En réalité c’est l’ensemble des notions qui décrivent l’humain qui voient leur signification et leurs relations transformées et notamment la politique, la science, la technique, l’enseignement, l’amour.
Ce colloque, consacré à Totalité et Infini, marque le cinquantenaire de sa publication. Au-delà de l’hommage, l’enjeu de cette manifestation est d’inviter les intervenants à interroger les différentes ruptures que cette œuvre impose.